L'assemblée générale du groupe Vivendi s'est tenue à huis clos le 20 avril. , @Vivendi
BUSINESS CASE
Assemblée générale de Vivendi : les actionnaires protestent malgré le huis clos
Les actionnaires minoritaires semblent remontés contre les dirigeants de Vivendi. Et ils n’ont pas hésité à le montrer aux membres du directoire et du conseil de surveillance, huis clos ou pas. Lors de l’assemblée générale du groupe, qui s’est tenue le 20 avril dernier, de nombreuses résolutions ont ainsi été approuvées avec moins de 80 % des voix. Une véritable fronde dans l’univers feutré des AG, où les scores dépassant les 95 % sont la véritable norme.
Malgré la tenue à huis clos, les actionnaires se sont fait entendre de deux manières. D’abord en posant des questions écrites, une vingtaine de questions, de la part du Forum de l’investissement responsable (FIR), de la société de gestion Phitrust et du comité des actionnaires. Au menu, des questions les activités non compatibles avec l’Accord de Paris, sur la gouvernance du groupe (cumul des fonctions de président du conseil de surveillance du groupe et PDG de la filiale Havas par Yannick Bolloré), ou encore sur le programme de rachat d’actions.
Yannick Bolloré chahuté
Mais c’est surtout par l’exercice de leur droit vote que les actionnaires minoritaires ont marqué leur désapprobation. Yannick Bolloré était particulièrement visé. Le renouvellement de sa qualité de membre du conseil de surveillance n’a ainsi été voté qu’à 74,22 %. Le vote sur sa rémunération, lui, n’a recueilli que 68,73 % des voix.
C’est en fait toute la politique de rémunération des membres du conseil de surveillance et du directoire qui a fait l’objet d’un rejet de la part des minoritaires. La vingtaine de résolutions concernant les rémunérations ont recueilli des scores compris entre 68,13 % et 76,52 %.
Le mode de gouvernance de Vivendi, et tout particulièrement la forte présence du groupe Bolloré dans les instances de direction, semble concentrer les critiques. Suite à la tenue de l’assemblée générale, Phitrust demande à Vivendi de prendre en compte les avis des minoritaires et notamment des faibles scores de vote. La société de gestion a publié un communiqué dans lequel elle appelle le conseil de Vivendi "à envisager de nommer comme président du conseil de surveillance un membre effectivement indépendant étant libre de tout conflit d’intérêt potentiel notamment avec le groupe Bolloré (27,1 % du capital et 29,6 % des droits de vote)".
Dividendes en hausse
La société de gestion s’inquiète tout particulièrement du programme de rachat puis d’annulation d’actions que le conseil avait mis à l’ordre du jour (voté à 69,36 %). Elle craint que sa mise en œuvre n’ait pour principal effet de donner le contrôle de Vivendi au groupe Bolloré, actionnaire de référence.
Enfin, la politique de dividendes a été largement approuvée par les actionnaires (99,52 %). Vivendi prévoit pourtant d’augmenter de 20 % les dividendes, pour une enveloppe totale de 697 millions d’euros. Une décision à rebours d’une grande partie du SBF 120, dont près de la moitié a décidé soit de réduire soit de supprimer le versement des dividendes cette année, afin de maintenir à flot leur trésorerie pendant la crise. Selon la société IHS Markit, le cumul des dividendes versés par le SBF 120 devrait se limiter à 33 milliards d’euros cette année, contre 64,5 milliards en 2019.
Pour Vivendi, le versement de ces dividendes s’explique par les bons résultats de sa filiale américaine Universal. Sans s’opposer à la mesure, Phitrust aurait souhaité que l’entreprise mette en place un fonds de soutien pour ses sous-traitants, dont bon nombre risquent d’être lourdement affectés par la crise du coronavirus.
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