Le monde compte 453 banques publiques de développement. , @CCO
BUSINESS CASE
Avec sa nouvelle base de données ouverte, l'AFD dévoile le poids insoupçonné des 453 banques publiques de développement dans le monde
[Mise à jour du 10 novembre 2020] Presque 11 500 milliards de dollars d’actifs sous gestion, près de 3 000 milliards de dollars de capitalisation, plus de 2 200 milliards de dollars d’investissement chaque année… Les chiffres cumulés de toutes les banques publiques de développement du monde donnent presque le tournis. À l’occasion du premier sommet Finance en commun, les 11 et 12 novembre 2020, qui ambitionne de réunir toutes ces entités, l’Agence française de développement (AFD) lance un outil sur internet permettant de savoir tout de l’action des banques publiques.
Jamais jusqu’à aujourd’hui, le travail de collecte et de compilation des données financières des 453 banques publiques dans le monde n’avait été effectué. Leur action est pourtant bien connue, au niveau individuel voire national ou régional. En France, on connaît bien la Caisse des dépôts, l’AFD, Bpifrance, la SFIL, etc. En Europe, on compte la Banque européenne d’investissement. Mais ce secteur est en réel bien plus vaste qu'il n'y parait. Et il est mal connu, y compris des acteurs eux-mêmes. La base de données mise en ligne par l’AFD donne une vision globale de ces banques qui, en tout, comptent pour plus de 10 % de l’investissement annuel mondial.
Pour la mettre en place, l'agence a travaillé avec des équipes de recherche chinoises et américaines qui avaient commencé à identifier les différentes banques publiques de développement. Deux algorithmes ont permis ensuite d’aller rechercher, l’un les données financières (bilan, produit net bancaire, niveaux de capitaux propres, notation, etc.), l’autre les données sémantiques pour repérer les Objectifs de développement durable (ODD) sur lesquels ces banques agissent.
Rôle contracyclique
"Cet outil va pourvoir être utilisé aussi bien par les chercheurs, les banques centrales, que les décideurs économiques, et peut aider à éclairer le débat citoyen", explique Thomas Melonio, directeur exécutif de l’innovation, de la recherche et des savoirs de l’AFD. La base de données, qui sera mise en ligne le 9 novembre, permet en effet de faire des comparaisons entre les 252 entités et de visualiser l’historique de leur activité.
La base de données donne ainsi une vision chiffrée du rôle contracyclique de ces banques publiques en période de crise. Leurs niveaux de capitalisation ont ainsi eu tendance à augmenter après la crise financière de 2008, pour se normaliser ensuite. Les chiffres de 2020 ne sont pas encore publiés, leur rôle pour la relance actuelle du fait de la pandémie n’est donc pas encore documenté. "Nous ferons une mise à jour annuelle", souligne Thomas Melonio.
Cet outil n’est par ailleurs pas uniquement financier. L’AFD voulait également suivre le financement des ODD par les banques publiques. L’algorithme vient ainsi repérer le nombre de fois dont il est fait mention des ODD par la banque analysée, pour donner une idée de ses centres d’intérêt. Les données compilées montrent ainsi que l’ODD 17, relatif à la mise en œuvre de partenariats, l’ODD 8 sur le travail décent, et l’ODD 16 sur le développement d’institutions solides pour la paix, sont les plus cités par les banques se référant aux ODD. ■