Bureau de la Norges Bank, l'institution qui gère le fonds souverain norvégien. , @Norges Bank
BUSINESS CASE
Engagement actionnarial : la leçon du fonds souverain norvégien
L’une des clés de la finance durable est l’engagement actionnarial, c’est-à-dire la capacité d'un investisseur à aller dialoguer avec les entreprises dont il a une part au capital de manière à améliorer ses pratiques, voire à réorienter son business vers un modèle plus durable et résilient. À l’occasion de la présentation des résultats du fonds souverain norvégien, la banque centrale de Norvège (Norges Bank), en charge de sa gouvernance, a donné une vraie leçon en la matière.
Porté en 2019 par une année faste en matière de croissance boursière, le fonds souverain norvégien a enregistré un résultat record avec un rendement de 165 milliards d’euros, en progression de 19,9 % par rapport à 2018. Pour le fonds, il ne s’agit pas de gains opportunistes mais du fruit d’une stratégie qui met en avant la durabilité des entreprises sur les sujets sociaux, environnementaux, fiscaux…
"La manière dont les entreprises adressent ces sujets a un impact sur leur création de valeur à long terme", explique Carine Smith Ihenacho, directrice de la gouvernance d’entreprise pour le fonds, cité par le Financial Time. Elle explique que le fond se focalise sur des sujets clés que sont la composition des conseils d’administration, les droits humains, la lutte contre la corruption et les salaires des dirigeants.
Politique de vote
Pour faire valoir son point de vue, le fonds relate 3 412 échanges réalisés avec 1 747 entreprises en 2019. En 2018, le fonds avait déjà réalisé 3 256 entretiens. La Norges Bank donne pour exemple ses échanges avec Citi, mais aussi 13 autres banques dont Danske Bank et Swedbank, sur la lutte contre le blanchiment. Elle évoque aussi les politiques d’approvisionnement en cobalt de Toyota et Volkswagen ou encore les droits humains chez Amazon.
Le fonds annonce aussi une nouvelle stratégie pour les assemblées générales. Actuellement, les votes sont révélés un jour après les AG. À partir de 2022, la banque centrale annoncera ses positions avant les AG, de quoi mettre la pression sur les entreprises. Déjà, l’année passée, le fonds à la tête de 1 100 milliards de dollars a par exemple voté contre la direction pour quatre de ses cinq plus grosses participations actionnariales, à savoir Apple, Alphabet (maison-mère de Google), Nestlé et Amazon. Les votes portaient sur le salaire des dirigeants et la concentration des pouvoir, rapporte le Financial Times.
Cette stratégie d’engagement d’actionnarial ne semble pas se heurter à l’actuel crise du Coronavirus qui déstabilise les marchés financiers et ralentit l’économie mondiale. "Nous sommes un fonds avec un horizon de trente ans, qui prend les choses avec calme en période trouble", a indiqué son directeur général, Yngve Slyngstad. "Nous suivons évidemment les mouvements de marchés et ils sont considérables ces jours-ci. Mais c’est une situation qui est difficile à analyser. Et donc pas une situation typique où l’on agit, où l’on achète ou l’on vend", précise-t-il.
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