2021, le charbon revient en force malgré les politiques de désengagement

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L'ACTU

2021, le charbon revient en force malgré les politiques de désengagement

Par  Novethic, Arnaud DUMAS | Publié le 29/12/2021

Les politiques d’exclusion du charbon des investisseurs se heurtent à la volonté tenace de grandes entreprises de développer ce secteur. Une étude de Reclaim Finance sur la plupart des entreprises du charbon, soutenues par les acteurs financiers, ne présentent pas de plans de sortie crédibles. De son côté, l’Agence internationale de l’énergie s’alarme du fait que la production d’électricité à partir de charbon ait connu un nouveau sursaut en 2021.

L’année 2021 a été marquée par une extension des stratégies d’exclusion des énergies fossiles par les investisseurs. Après les engagements de sortie du charbon, qui se sont étalés depuis la COP21 en 2015, ce sont les hydrocarbures non conventionnels qui ont fait l’objet de plans de sortie par les banques et assureurs. Ces grands engagements montrent toutefois encore quelques limites. Le charbon, qui fait l’objet des exclusions les plus anciennes, continue d’être extrait et d’alimenter les centrales électriques. Et une étude de Reclaim Finance montre que la grande majorité des entreprises du secteur ne prévoient pas de mettre un terme à leur activité.

L’Agence internationale de l’énergie (AIE) en fait le constat alarmant dans son dernier rapport "Coal 2021". Selon elle, le mouvement de reprise économique mondial en 2021 s’est traduit par un sursaut de la demande de charbon. Elle estime que la production d’électricité à partir de charbon va augmenter de 9 % cette année et la demande globale pour ce combustible de 6 %. Si la tendance se poursuit, l’année 2022 pourrait atteindre des records de demande de charbon. 

47 entreprises analysées

Reclaim Finance a analysé 47 entreprises du secteur pour vérifier leur plan de sortie de ce combustible fossile et en conclut que 94 % d’entre elles ne disposent pas d’un plan de sortie crédible. Elle vérifie notamment trois grands critères : le fait que l’entreprise ne prévoit pas de développer de nouvelles capacités, la cohérence de son calendrier de sortie du charbon et la manière dont elle se désengage du secteur (fermeture de ses capacités ou vente à un tiers).

C’est notamment le calendrier de sortie du charbon qui pêche, la moitié des 47 entreprises internationales prévoyant une sortie trop tardive pour respecter les objectifs de l’Accord de Paris. Un tiers d’entre elles ont par ailleurs des projets de développement de nouvelles capacités. C’est le cas notamment du géant minier Glencore, qui a notamment racheté les mines délaissées par ses concurrents et qui a récemment défendu sa stratégie charbon face à ses investisseurs.

Pour Reclaim Finance, les conclusions de cette étude montrent que les stratégies d’exclusion du charbon des investisseurs doivent être renforcées. Les entreprises réussissant à passer entre les mailles du filet tissé par les seuils d’exclusion de ces politiques continuent en effet à développer ce combustible. "Notre analyse démontre que la demande de plans de sortie formulée par les acteurs financiers français n’a clairement pas été suivie d’effets, estime Lucie Pinson, directrice de Reclaim Finance. Nous attendons de Crédit Agricole, BNP Paribas et autres acteurs financiers français qu’ils passent à l’étape supérieure dès le 1er janvier 2022 en sanctionnant les entreprises ne disposant pas de plan de sortie crédible."■


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