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L'ACTU
Attendre la fin de la guerre en Ukraine pour s’inquiéter du pic de production de céréales serait une erreur
Par Anne-Catherine Husson Traore|Publié le 04/07/2022
"Un porc ou un poulet c’est 70 % de céréales", explique l’industrie agro-alimentaire pour justifier une augmentation du prix de ses produits auprès des distributeurs. C’est vrai, répond Stéphane Audrand, consultant spécialiste des risques internationaux, mais c’est un problème bien plus large que la seule répercussion de la hausse du prix du blé sur celui du poulet ou du porc dans les supermarchés. Il explique que les prévisions de production mondiale pour l’année sont de 769 millions de tonnes, dans son analyse publiée sur LinkedIn, alors que le monde en consomme 10 de plus.
Pour lui, "on sent bien qu'on arrive à un plateau mondial de production et qu'on ne va pas pouvoir continuer comme ça longtemps, sans regarder "où partent les récoltes" : gaspillage alimentaire, malbouffe, régimes trop riches, trop gras et trop sucrés, pertes au stockage, surconsommation de grains par l'élevage, biocarburants... Tout ça n'est pas tenable".
Impossible de produire plus
D’autant moins que le premier réflexe du lobby agricole de la FNSEA, après le déclenchement de la guerre en Ukraine, a été de menacer le programme européen Farm2fork, un des piliers du Green Deal. La FNSEA a immédiatement appelé à produire plus en mettant fin aux jachères. Pour Stéphane Audrand, produire plus est quasi-impossible entre les aléas climatiques et le manque d’engrais dû à la guerre de la Russie en Ukraine.
C’est pourquoi il est plutôt urgent de commencer à s’interroger sur un système alimentaire mondial où "les 1,2 milliard de tonnes de maïs produites dans le monde ont une utilisation en alimentation humaine marginale et finit, pour l’essentiel, dans les estomacs des porcs, bœufs et poulets".■
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