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L'ACTU
BASF, leader du mouvement des entreprises allemandes contre l’embargo sur le gaz russe
En chimie, le gaz est à la fois une source d’énergie clef et la matière première de produits aussi variés que des composants de produits d’entretien, cosmétiques, fertilisants, des plastiques, des isolants, des peintures, etc. Ces produits font partie des 220 000 fabriqués dans la plus grande usine chimique du monde, le site de BASF de Ludwigshafen, dans le Land de Rhénanie-Palatinat, en Allemagne où travaillent 40 000 personnes. Très dépendant du gaz russe pour distribuer ces produits à toute l’industrie européenne, le site ne pourra plus produire que dans un circuit minimal pour maintenir un seuil technique d’activité si l’approvisionnement est réduit de 30 % et, si la réduction est de 50 %, il devrait être arrêté selon l’entreprise.
C’est pourquoi le directeur général de BASF, Martin Brudermüller, a pris la parole publiquement pour décourager toute tentative d’embargo total ou partiel sur le gaz russe. Il a déclaré, dans une interview publiée le 4 avril dans le journal Allgemeine Frankfurter Zeitung : "la Russie couvre 55 % de notre approvisionnement en gaz. S’il était réduit à zéro du jour au lendemain, le chômage serait porté à un très haut niveau, beaucoup d’entreprises feraient faillite. Pour le dire clairement : cela pourrait plonger l’économie allemande dans sa plus grave crise depuis la seconde guerre mondiale". Même son de cloche auprès du PDG de Siemens Energy pour qui l’interruption "des livraisons de gaz russe aurait des répercussions dramatiques".
Intense lobbying
L’intense lobbying des industriels allemands a pour but de démontrer que les conséquences de l’embargo sur le gaz russe seraient beaucoup plus importantes sur l’économie européenne que sur l’économie de la Russie. Si les économistes sont divisés sur le sujet, le gouvernement allemand tente malgré tout de travailler à organiser son indépendance énergique du voisin russe, tout en commençant à scénariser un éventuel rationnement du gaz.
La nouvelle coalition au pouvoir doit en catastrophe rompre avec la politique précédente qui visait "à garantir la paix par le commerce". Cet adage définissait les relations entre la Russie et l’Allemagne pendant des décennies même si des premières menaces existaient sur les "joint-venture" existantes. BASF avait négocié pendant deux ans avec Gazprom un accord sur le gaz naturel pour lui vendre ses activités de commerce de gaz en échange d’un investissement dans l'exploration et la production de pétrole et de gaz. L’accord a échoué au tout dernier moment, il y a un peu plus d’un an, à cause de la dégradation de la situation en Russie. Les raisons évoquées étaient déjà les sanctions économiques contre la Russie mais aussi la chute des prix du pétrole et du rouble.
En mai 2021, Paul Walsh, analyste chez Morgan Stanley, analysait ainsi dans une note l’échec de cet accord. "Il met en évidence les défis actuels de la conduite des affaires en Russie. BASF a dû garder une fois de plus une entreprise qu'elle voulait quitter, avec une croissance, des marges et des rendements faibles", expliquait-il. BASF tente donc un an plus tard de gagner du temps et de conserver ses marges à l’heure où se profile une nouvelle menace, l’interdiction de milliers de substances chimiques trop toxiques par l’Union Européenne. ■
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