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L'ACTU
Des scientifiques s’enchaînent à la banque JP Morgan Chase pour dénoncer ses ambiguïtés climatiques
Des scientifiques spécialistes du climat se sont enchaînés le 6 avril à la porte de JP Morgan Chase, à Los Angeles, pour alerter sur la nécessité de stopper tout financement aux énergies fossiles si on veut vraiment limiter le réchauffement climatique. L’un des deux, Peter Kalmus, a publié une tribune dans le Guardian pour expliquer son geste et justifier son activisme. "Nous, scientifiques du climat, sommes désespérés. Nous crions, nous implorons et nous sommes arrêtés par la police alors que nous voulons seulement dénoncer cette folie qui consiste à aggraver le changement climatique en continuant à investir dans les énergies fossiles !"
Ils ont choisi JP Morgan Chase parce que c’est la banque qui arrive largement en tête des investissements dans le charbon, le pétrole et le gaz sur la période 2016-2020, selon le classement établi par le rapport "Banking on climate chaos" d’une coalition d’ONG, sorti en mars dernier. Elles ont analysé les investissements d’une soixantaine de banques parmi les plus grandes, et ont montré qu’entre 2016 et 2020, elles avaient investi ensemble plus de 3800 milliards de dollars dans les énergies fossiles. JP Morgan Chase est, de loin, la championne avec plus de 300 milliards de dollars sur la période. BNP Paribas, la première banque française, est en 8ème position avec 120 milliards de dollars.
Ambiguïtés climatiques des acteurs financiers
Pour les ONG, si l’Accord de Paris adopté en 2015 ne les a pas conduits à renoncer à ces investissements, ce devrait être le cas de leurs propres engagements sur le climat. L’appel des scientifiques vise à dénoncer les ambiguïtés climatiques des acteurs financiers et plus particulièrement celles de JP Morgan. La banque américaine a adopté, en octobre dernier, une stratégie qui a l’ambition d’aligner ses financements sur l’Accord de Paris et de diminuer drastiquement les émissions indirectes liées à ses portefeuilles.
Or, dans sa lettre annuelle à ses actionnaires publiée il y a quelques jours, Jamie Dimon, le patron de JP Morgan, semble avoir fait passer cette priorité au second plan. Il met en avant la guerre en Ukraine et les besoins de sécurité énergétique pour encourager l’approbation de nouveaux projets pétroliers et de gazoducs supplémentaires tout en rappelant son soutien aux projets d’énergie verte.
Il écrit : "Limiter les flux de capitaux nécessaires à la production et au transport des carburants, d'autant plus que la guerre en Ukraine fait rage, est une mauvaise idée. Aujourd'hui encore, le monde a besoin de pétrole et de gaz naturel, mais tous les hydrocarbures ne se valent pas en termes d'empreinte carbone. Nous devrions orienter davantage de capitaux vers des sources de carburant moins intensives en carbone et investir dans des innovations, telles que la capture et la séquestration du carbone, alors que nous envisageons de passer à des technologies vertes fournies à grande échelle pour la société."
Cette position très répandue dans le secteur financier, a deux limites. D’une part les technologies de capture de CO2, toujours à l’étude, ne permettent pas d’espérer limiter les dégâts climatiques à l’échelle nécessaire. D’autre part le secrétaire général des Nations Unies Antonio Guterres a rappelé, après la publication du dernier rapport du GIEC début avril, qu’"investir dans des nouvelles infrastructures fossiles et une folie sur le plan économique comme moral".
Pour enfoncer le clou une étude de l’AIE et de l’Imperial College de Londres vient de montrer que les investissements fossiles étaient 367 fois moins rentables que les investissements dans les énergies renouvelables.■
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