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L'ACTU
ExxonMobil : après recomptage des voix, ce sont trois administrateurs proposés par Engine n°1 qui entrent au conseil d'administration
[Mise à jour du 3 juin 2021] Ce ne sont finalement pas deux mais trois administrateurs proposés par le fonds activistes Engine n°1 qui entreront au conseil d'administration d'ExxonMobil. Tout un symbole : le géant pétrolier texan Exxon Mobil a connu la première rébellion d’actionnaires motivée par les questions climatiques. Au terme d’une assemblée générale au scénario surréaliste, au moins deux administrateurs devaient été remplacés en signe de mécontentement, selon les résultats préliminaires. Après recomptage des voix, ils seront trois à intégrer le conseil d'administration, en plus des neuf administrateurs proposés par le management d'ExxonMobil. Ce succès retentissant marque un tournant et pourrait rebattre durablement les cartes de l’engagement actionnarial dans le secteur pétrolier.
Les nuages s’amoncelaient dans le ciel d’Exxon en amont de son assemblée générale, qui s’est tenue en ligne le 26 mai : de grands investisseurs comme BlackRock et CalPERS, mais aussi les agences de conseil en vote ISS et Glass Lewis, avaient déclaré leur soutien à la campagne d’Engine No. 1. Principale cible de l’ire des investisseurs, la stratégie du PDG Darren Woods. À rebours de ses grandes rivales internationales, le groupe entendait augmenter sa production pétrolière dans les prochaines années, malgré des résultats financiers à la peine. Quelques efforts de réduction des émissions et des projets de capture du carbone soutenaient une ambition climatique de façade.
Une assemblée générale chaotique
Le scénario de l’assemblée générale s’est montré à la hauteur des enjeux de ce qui se présentait comme la bataille actionnariale de l’année, au terme de six mois de passes d’armes entre les dirigeants et les investisseurs frondeurs. La séance a été subitement suspendue après les présentations d’usage, sous le prétexte de laisser le temps de voter aux derniers retardataires. Engine n°1 a rapidement dénoncé une tactique d’obstruction et des efforts désespérés de la part d’Exxon pour convaincre des actionnaires de changer leur position.
À l’issue de cet intermède d’une heure et quart (soit la durée totale de l’assemblée générale en 2020), Darren Woods s’est engagé dans une séance de questions-réponses d’une longueur inhabituelle pour un groupe qui n’est pas habitué aux excès de transparence. Fébriles et truffées d’éléments de langage, ses digressions sur sa vision stratégique n’ont pu retarder qu’un temps le désaveu qui se profilait : le vote des actionnaires a donné trois sièges au conseil d’administration aux candidats proposés par Engine n°1.
Un tournant pour le climat et la "démocratie actionnariale" ?
Admettant "le désir des actionnaires d’impulser un changement", selon des propos rapportés par l’AFP, Darren Woods a tenté de montrer qu’Exxon était "bien positionnée pour y répondre". Bien qu’il y ait conservé son poste de PDG, ce coup de tonnerre laisse envisager des bouleversements durables pour l’avenir de l’entreprise. Faute de recours, les investisseurs ont finalement choisi de prendre le pouvoir, afin de défendre une stratégie climatique responsable et d’assurer la pérennité de l’entreprise.
Alors que le drame se jouait chez Exxon, les actionnaires de Chevron ont aussi infligé un sérieux revers à leurs dirigeants : 61 % d’entre eux ont voté en faveur d’une résolution réclamant des objectifs plus ambitieux de réduction des émissions scope 3. Les derniers bastions de la résistance à l’engagement actionnarial sur le climat tombent, et les dirigeants des majors pétrolières sont prévenus : s’ils ne résolvent pas à prendre la mesure des enjeux climatiques, leurs actionnaires sont dorénavant prêts à le faire pour eux. ■
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