Finance durable : le paradoxe européen !

La Commission européenne relance une consultation sur la finance durable. , @CCO

L'ACTU

Finance durable : le paradoxe européen !

Par  Novethic, Anne-Catherine HUSSON-TRAORE | Publié le 14/04/2020

Par temps de crise aigue et de confinement prolongé, les appels se multiplient pour dessiner un futur économique et environnemental durable. En Europe, il devrait s’appuyer sur le Green Deal et la stratégie de développement de la finance durable à laquelle l’Union souhaite donner une nouvelle ampleur. Mais, en même temps, elle choisit BlackRock pour développer le cadre réglementaire d’intégration de critères ESG par les banques. Un paradoxe dénoncé par Finance Watch.

La Commission Européenne vient de lancer une consultation pour renouveler sa stratégie sur la finance durable. Ouverte jusqu’à la mi-juillet, elle comporte une centaine de questions. L’objectif est de recueillir les contributions des diverses parties prenantes pour construire les prochaines étapes d’une politique qui va devoir concilier les défis posés par la crise sanitaire, économique et sociale du Covid-19 et les objectifs de long terme comme la neutralité carbone en 2050. 

Construire une économie plus résiliente et plus durable semble rester le mot d’ordre de la Commission qui a lancé son premier plan d’action sur la finance durable en mars 2018 à la suite des propositions du rapport du Groupe d’Experts De Haut Niveau (HLEG) pour faire de la finance durable l’axe stratégique majeur de la finance européenne.

Une série de nouvelles régulations

Cette première phase a conduit à une série de nouvelles régulations : la taxonomie qui définit les activités durables, les obligations de reporting qui précisent les informations attendues des investisseurs se réclamant de la finance durable, la création d’indices de référence sur le climat ainsi que celle de standard pour les Green bonds.

La seconde phase de la stratégie de la Commission doit, en principe, non seulement permettre de renforcer et développer ces outils mais aussi proposer une nouvelle série de mesures permettant de mieux faire face à l’urgence climatique et de s’appuyer sur l’impulsion politique qu’apporte le Green Deal. 

Cette démarche pourrait sembler cohérente si elle n’était pas battue en brèche par l’annonce, le même jour, de l’attribution par la Commission d’un contrat à BlackRock Investment Management pour superviser le "développement d'outils et Mécanismes d'intégration des facteurs ESG dans le cadre prudentiel bancaire de l'UE et dans les stratégies commerciales et politiques d'investissement des banques". 

Le choix de BlackRock controversé

Finance Watch, l’ONG européenne destinée à mettre la finance au service de la société, a aussitôt dénoncé ce choix d’autant plus surprenant que BlackRock a publiquement exprimé son opposition à deux éléments fondamentaux de la stratégie de finance durable de l’Union : la taxonomie et les exigences de reporting sur les risques climatiques. Dans le premier cas, BlackRock est un des critiques les plus virulents sur le choix de faire de la taxonomie la pierre angulaire du dispositif. Dans le second cas, BlackRock souhaite mettre seulement l’accent sur la mesure de l’impact financier du changement climatique et non le coupler, comme le demande l’Union Européenne, avec l’évaluation de l’impact négatif sur le climat de l’activité des entreprises. 

Pour Thierry Philipponnat, directeur de la recherche et du plaidoyer de Finance Watch : "Le mandat de BlackRock n'est pas seulement politiquement voué à l'échec mais compte tenu de son opposition aux piliers les plus fondamentaux de l'agenda européen de la finance durable, c'est une erreur qui pourrait conduire à un cadre prudentiel bancaire de l’Union en contradiction avec d'autres éléments de son cadre règlementaire sur la finance durable."


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