L'ACTU
Journée mondiale de la Donut Economy, un modèle de prospérité pour le XXIe siècle
Disrupter les modèles pour repenser l’économie. Si dans les discours, cet objectif revient, les indicateurs macro-économiques eux sont toujours les mêmes, jusqu’à l’absurde parfois. Le Fonds Monétaire International établit ainsi un classement des pays les plus riches en fonction de leur PIB. En 2023, l’Allemagne devient numéro trois devant le Japon parce que son PIB est devenu plus important (4 420 milliards de dollars contre 4230). Peu importe que la récession se profile en Allemagne et que le Japon stagne, que les deux pays soient confrontés à un vieillissement très alarmant de leur population et dépendent de modèles d’exportations massives facilitées par une mondialisation qui bat de l’aile.
Peu importe aussi qu’il y ait un vrai décalage avec le premier pays le plus riche, les États-Unis (26 185 milliards de dollars de PIB) et le second, à savoir la Chine (21 643 milliards de dollars). La mesure de la richesse par le PIB serait donc l’outil de mesure de la bonne santé de l’économie et du bien-être de la population ? Pas vraiment. Forte de ce constat l’économiste britannique Kate Raworth a inventé les principes économiques du Donut ou Doughnut il y a une dizaine d’années.
Elle a choisi la métaphore du gâteau sucré et circulaire pour que chacun visualise ce que doit être l’économie dans un monde fini où l’épuisement des ressources guette une population toujours plus nombreuse. Elle combine plusieurs référentiels fondamentaux comme les limites planétaires du Stockholm Resilience Centre pour dessiner un modèle où l’économie de la prospérité est celle qui tient entre un plancher social et un plafond environnemental. Ces principes proposent une révolution cognitive de ce qu’est l’économie, non pas un jeu de politiques et d’institutions mais une nouvelle façon de penser l’économie comme régénérative pour l’environnement et distributive pour le social.
"Faiseurs de changements"
Prenant sa source dans les nouvelles écoles alliant la complexité des interactions environnementales et sociales au féminisme écologiste, elle propose des clefs pour transformer l’économie du XXIe siècle localement mais aussi globalement. La révolution économique de Kate Raworth a fait école. Le mouvement a pris suffisamment d’ampleur pour organiser une journée mondiale du DEAL (pour Doughnuts Economics Action Lab). Fondée par Kate Raworth, elle compte plusieurs milliers d’adhérents dans le monde, des "faiseurs de changements qui expérimentent les principes de la Doughnut Economy pour en faire des vecteurs de transformation". "J’aurais éclaté de rire si on m’avait dit en 2012 qu’il y aurait un jour mondial de la Doughnut Economy", s’amuse Kate Raworth elle-même sur X (ex-Twitter).
Mais c’est bien devenu assez sérieux pour servir de base à tout un mouvement de remise en cause de la doxa économique issue des années 80. Même la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, s’y met. Elle vient d’accorder une interview au Monde dans laquelle elle reconnaît que l’on a trop longtemps "insisté uniquement sur les bénéfices de la mondialisation et que l’attention n’a pas suffisamment porté sur ceux dont les emplois et les moyens de subsistance se sont évaporés". Elle encourage à "repenser la mondialisation autant que possible" et à "réfléchir aux chaînes d’approvisionnement mondiales en tenant compte de leur empreinte carbone, mais en prenant garde également à l’ampleur des préjudices que leur restructuration pourrait causer à des travailleurs sur la planète". Elle applique ainsi les principes de la Doughnut Economy même si elle ne les revendique pas ! ■
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