La Banque Postale devient société à mission pour transformer son modèle vers la finance à impact

La Banque Postale a profité de son nouveau statut de société à mission pour modifier son logo. , @Jean-Michel Daix

L'ACTU

La Banque Postale devient société à mission pour transformer son modèle vers la finance à impact

Par  Novethic, Arnaud DUMAS | Publié le 01/03/2022

La Banque Postale avait dévoilé sa raison d’être en faveur de la transition juste l’été dernier. Cette fois, elle modifie ses statuts pour devenir entreprise à mission, en misant notamment sur la finance à impact. Philippe Heim, président du directoire de la banque, veut faire de cette transformation "un avantage concurrentiel, notamment vis-à-vis des jeunes".

La Banque Postale entre dans un club encore très fermé, celui des entreprises ayant adopté le statut de société à mission. Le 23 février dernier, lors de son assemblée générale, les actionnaires ont validé le changement des statuts de la banque et les trois grandes missions qu’elle s’est assignée. Celles-ci déclinent la raison d’être qui a été adoptée l’été dernier et dont l’objectif principal consiste à "œuvrer à une transition juste".

L’adoption de ce statut va obliger l’entreprise à modifier ses pratiques et à le prouver. Mais pour Philippe Heim, le président du directoire de La Banque Postale, ce nouveau statut permis par la loi Pacte de 2019 présente un avantage non négligeable. "Nous revendiquons le fait que la citoyenneté ait une dimension résolument moderne", assure-t-il. "Je pense que c’est un avantage concurrentiel, notamment vis-à-vis des jeunes, de plus en plus en recherche de sens. Les banques rivalisent pour attirer les jeunes qui sont de plus nomades et attirés par les néobanques", poursuit-il. 

Le premier objectif que s’est fixée la nouvelle entreprise à mission consiste à rechercher l’impact positif sur la société, au niveau environnemental, social et territorial. "Nous voulons faire de l’engagement citoyen un élément de performance au sens économique. Nous voulons transformer le modèle de bancassurance vers la finance à impact", explique Philippe Heim, le président du directoire de La Banque Postale. Des indicateurs d’impacts vont ainsi être développés pour chaque métier du groupe, afin de mesurer la transformation du modèle d’affaires de la banque.

Les clients, acteurs de la transition juste

Le deuxième objectif concerne la gamme de produits de La Banque Postale, dont beaucoup vont intégrer des enjeux environnementaux et sociaux. "Dans cette démarche d’engagement citoyen, nous voulons faire en sorte que les clients puissent être acteurs de cette transition juste", reprend Philippe Heim. Les produits à destination aussi bien des entreprises (prêts verts, obligations vertes, crédits à impact, etc.), que des clients particuliers sont concernés. "Il est possible d’adjoindre une dimension d’impact pour tous les produits de notre gamme", assure le dirigeant. La Banque Postale vient ainsi de lancer un prêt avance rénovation, qui finance le reste à charge des travaux d’amélioration énergétique de l’habitat, en permettant au particulier de rembourser le crédit in fine, au moment de la vente de son logement ou d’une succession.

Enfin, la banque se fixe l’objectif de prendre des engagements permettant la transition juste vers une économie bas carbone, avec là-aussi des effets directs sur le modèle d’affaires du groupe. Sa stratégie d’exclusion des énergies fossiles, renforcée en octobre dernier, va ainsi pousser la banque à renoncer à des opportunités dans ce secteur, pour y substituer notamment des projets verts.

Intégrer le comité de mission dans la gouvernance

Un comité de mission, obligatoire selon les dispositions de la loi Pacte, a par ailleurs été créé pour assurer le contrôle et le suivi des objectifs et sous-objectifs. "Nous avons réfléchi à l’articulation du comité de mission avec le reste de la gouvernance de La Banque Postale, et nous avons décidé de le considérer comme un comité managérial qui conseille le directoire", explique Adrienne Horel-Pagès, directrice de l’engagement citoyen de La Banque Postale. 

"Il est composé majoritairement de parties prenantes, avec un rôle central de suivi des objectifs et des indicateurs, mais il a aussi un rôle d’éclaireur sur la stratégie d’engagement citoyen", ajoute-t-elle. Présidé par l’économiste Natacha Valla, doyenne de l’école de management de Science Po Paris, le comité comprend parmi les personnes extérieures au groupe des représentants de grandes entreprises (Sanofi, L’Oréal, etc.) et de PME-ETI (Carbio, Hoffmann Green Cement, etc.) 

Les équipes de la Banque Postale doivent désormais travailler pour finaliser les différents indicateurs à suivre pour chaque objectifs et sous-objectifs poursuivi dans le cadre de ses missions. Le Comité rendra un premier rapport au premier trimestre 2023 qui sera suivi, dans les dix-huit mois, par le rapport d’un auditeur externe.■

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