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L'ACTU
La Banque Postale prend une longueur d’avance sur la sortie des énergies fossiles
L’effervescence qui précède les grands événements sur le climat comme la COP 26 génère une émulation entre les acteurs financiers engagés sur le climat. Depuis 2015, ils renforcent chaque année des politiques climat qui, à l’époque, paraissaient révolutionnaires quand elles excluaient les investissements des entreprises dont 50 % du chiffre d’affaires reposaient sur l’extraction ou la production d’électricité à base de charbon. Mais, depuis, les seuils de financement du charbon sont abaissés chaque année, voire réduit à zéro car les investissements des banques et assurances sur les énergies fossiles sont passés au crible par les experts scientifiques et les ONG spécialisées pour évaluer l’impact de ces exclusions sur la réduction des gaz à effet de serre générés par les énergies fossiles.
Reclaim Finance, ONG spécialisée, montre dans sa base de données sur les politiques charbon que seules 25 institutions financières mondiales sont dans le vert, alors que 200 parmi les plus grosses n’ont même pas commencé à exclure le charbon.
En 2017, BNP Paribas avait fixé une nouvelle limite en annonçant être la première banque à sortir du gaz de schiste et des pipes line qui transportent le pétrole non conventionnel. Compte tenu de sa taille et de sa forte présence dans des pays producteurs de gaz de schiste, la décision a nourri le débat sur les risques qu’il y avait à continuer à investir dans des modes d’énergie incompatibles avec l’Accord de Paris tant le risque que ces investissements ne soient jamais rentabilisés était grand.
Sortie de toutes les énergies fossiles
Le 14 octobre 2021, c’est la Banque Postale qui à son tour fixe une nouvelle limite plutôt spectaculaire puisqu’elle acte la sortie de toutes les énergies fossiles, pétrole et gaz compris à l’horizon 2030 soit dans moins de dix ans. Cette position est d’autant plus forte que le gaz est mis en avant comme une énergie fossile de transition non seulement par le secteur pétrolier mais aussi les États Européens qui souhaiteraient le voir intégrer comme tel à la taxonomie européenne des activités vertes.
"Notre ambition est d’être un laboratoire "fer de lance" du secteur bancaire et d’impulser une transformation en profondeur de nos modèles d’affaires en faveur de la transition juste, dont le respect des limites planétaires est une composante majeure", explique Philippe Heim, le président du directoire de La Banque Postale. Il ajoute : "Dans la période qui s’ouvre, nous sommes déterminés à encourager les acteurs des énergies fossiles dans leur transition."
Pour renforcer la crédibilité de son engagement, la Banque Postale l’a fait certifier par un organisme, les Science Based Targets, qui analyse techniquement la conformité de l’engagement avec les exigences de l’Accord de Paris. C’est pourquoi elle ne se limite pas au financement de projet gaziers et pétroliers mais la banque confirme vouloir cesser de fournir des "services financiers (crédits, tenue de compte, moyens de paiements, affacturage…) aux entreprises du pétrole et du gaz et à ne plus soutenir celles qui seront activement impliquées dans le lobbying en faveur de ces énergies ou encore celles ralentissant ou bloquant les efforts pour sortir de ces secteurs d’ici 2040."
Ces engagements lui ont valu les félicitations de Reclaim Finance pour qui la Banque Postale devient la première banque au monde à tourner le dos au pétrole et au gaz. À deux semaines de la COP 26, cela compte car le FMI a rappelé dans un rapport publié il y a quelques jours les énergies fossiles reçoivent 11 millions de dollars de subventions par minute et que l’Agence Internationale de l’Énergie ne cesse de rappeler qu’il faut accélérer la diminution des énergies fossiles au bénéfice des énergies renouvelables. ■
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