La Coupe du monde au Qatar met en lumière le risque d’atteinte aux droits humains

@Jewel Samad / AFP

L'ACTU

La Coupe du monde au Qatar met en lumière le risque d’atteinte aux droits humains

Par  Arnaud Dumas | Publié le 16/12/2022

La finale de la Coupe du monde dimanche 18 décembre mettra-t-elle fin aux nombreuses controverses ayant entaché l’organisation de l’événement ? Les scandales autour du non-respect des droits humains au Qatar risquent de laisser des traces sur les entreprises ayant contribué à son organisation. Des référentiels pour identifier et analyser ces risques existent pour permettre aux investisseurs de se positionner.

C’est normalement un événement sportif et festif. Mais la Coupe du monde au Qatar a également été entachée par les nombreuses controverses ayant entouré son organisation. Entre les révélations sur les quelque 6 500 personnes décédées sur les chantiers de construction, les soupçons de travail forcé de migrants et, plus globalement le non-respect des droits humains, la décision de la Fédération internationale de foot (Fifa) d’attribuer la Coupe du monde au Qatar a déclenché la colère des ONG, dont Amnesty International qui a lancé des pétitions pour "ramener la Coupe à la raison". Pour les entreprises contribuant à la manifestation, les risques ESG sont multiples, autant réputationnels que juridiques, comme le démontre la nouvelle note Inside ESG de Novethic Essentiel.

Vinci en est sans doute l’exemple le plus frappant. Le spécialiste français du BTP a fait l’objet de plusieurs plaintes déposées par des ONG, dont Sherpa, et par d’anciens employés depuis 2015. Juste avant le lancement de la Coupe du monde, le tribunal de Nanterre a décidé de mettre le groupe français en examen pour les pratiques de sa filiale qatarie sur des soupçons de travail forcé, de mauvaises conditions d’hébergement, ou encore de réduction en servitude.

L’entreprise se défend avec ardeur contre ces accusations qui portent un coup à sa réputation, et déclare notamment avoir fait réaliser des audits indépendants sur ses chantiers dès 2014. Le groupe de BTP a également mis en place des procédures pour mieux contrôler ses opérations locales pour s’assurer des conditions de travail de ses employés.


La réglementation se renforce

En plus des actions en justice portées par les ONG, les pratiques des entreprises sont par ailleurs de plus en plus encadrées par la réglementation. Le devoir de vigilance en France, qui devrait être repris par l’Union européenne avec la Corporate due diligence directive (CDDD), oblige les multinationales à effectuer un reporting sur le respect des droits humains et environnementaux sur leur chaîne de sous-traitance. Les entreprises soumises à ces obligations devront peu à peu assainir leur chaîne de valeur, sous peine d’être attaquées devant les tribunaux par leurs parties prenantes. 

La question que pose la Coupe du monde au Qatar est la manière dont les entreprises et leurs investisseurs doivent se positionner dans les pays controversés. Les référentiels sur le respect des droits humains existent, des principes directeurs de l’ONU en passant par le Global compact, et des réglementations comme celles sur le devoir de vigilance devraient faire remonter les données nécessaires aux investisseurs pour analyser les entreprises présentes dans ces pays. 

Face à un événement, l’enjeu pour les entreprises se trouve aussi au niveau de leur réputation. Les appels au boycott des matchs se sont multipliés jusqu’au mois d’octobre. Si la passion du sport a un peu repris le dessus quand la compétition a commencé, le fait d’être associé à un événement aussi controversé peut aussi laisser des traces…■


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