Le dernier message d’Hiromichi Mizuno, le patron du GPIF, le plus grand fonds de pension de la planète

Hiro Mizuno à la tribune de l'Investor Forum de la banque mondiale. , @BanqueMondiale

L'ACTU

Le dernier message d’Hiromichi Mizuno, le patron du GPIF, le plus grand fonds de pension de la planète

Par  Ludovic DUPIN | Publié le 25/03/2020

Les entreprises qui visent le profit à court terme sans tenir compte de leurs parties prenantes, ni des risques ESG n’ont pas d’intérêt pour le plus grand fonds de pensions de la planète. Tel est le dernier message porté par Hiro Mizuno, dirigeant du fonds de pension japonais, qui quitte ses fonctions fin mars. Un message lourd de sens alors que le monde fait face à la crise climatique et à la crise pandémique liée au coronavirus.

Fin mars, Hiro Mizuno quittera la direction du Government Pension Investment Fund (GPIF). Le fonds de pension japonais est le plus grand au monde, gérant 1 600 milliards de dollars d'actifs. De fait, il a une capacité d’influence considérable. Une influence que Hiro Mizuno a mis au service d’une finance plus durable, depuis 2015 date de sa prise de fonction.

Dans une lettre ouverte co-signée avec l’américain Casltr (California State Teachers’ Retirement System) et le britannique USS Investment Management, publiée le 4 mars, le dirigeant du GPIF envoie un signal clair aux entreprises et à la finance. "Les entreprises qui cherchent à maximiser leurs revenus sans tenir compte des impacts sur leurs autres parties prenantes - incluant l’environnement, les salariés et la société civile – mettent leur croissance à long terme à risque et ne sont pas cibles d’investissements intéressantes pour nous".

Les auteurs appuient : "Si nous étions concentrés uniquement sur des profits à court terme, nous ignorerions les potentiels risques de catastrophes systémiques sur nos portefeuilles. Par exemple, selon une étude de Moody’s analytics, le changement climatique à lui seul a le potentiel de détruire 69 000 milliards de dollars dans l’économie d’ici 2100".

Transparence en croissance

Les trois fonds se réjouissent de voir des acteurs réorienter leur stratégie : "Ces dernières années, nous avons vu de plus en plus d’entreprises et de gestionnaires d’actifs embrasser des approches long terme pour créer de la valeur auprès de leurs parties prenantes". La lettre cite les guides de bonnes pratiques que sont la Task Force on Climate-related Financial Disclosures (TCFD) ou la Sustainability Accounting Standards Boards (SABS).

Mais ils  jugent aussi qu’il y a encore "bien du chemin à faire". Pour eux, "La divulgation et l'analyse significatives et utiles à la décision concernant les risques ESG restent l'exception plutôt que la règle". Ils alertent : "Les sceptiques qui continuent à questionner le rôle croissant du développement durable dans la communauté des inventeurs mondiaux doivent réaliser qu’ils sont en train de devenir minoritaires".

Des paroles aux actes

Interrogé par le Financial Times, Hiro Mizuno assure qu’il ne s’agit pas que de paroles mais de réelles actions prises par le fonds japonais. "Au cours des dernières années, le GPIF a plaidé en faveur de l'importance de la réflexion à long terme et nous pensons que l'ESG gagne enfin du terrain et se généralise. Cela dit, nous voyons beaucoup de preuves que (…) le marché est toujours orienté court terme". 

Le mandat de Hiro Mizuno à la tête du GPIF aura été marqué par une révision inédite du portefeuille du fonds de pension. Il a doublé la détention d’actions nationales et internationales en l’axant sur des actifs durables tout en menant une politique d’engagement actionnariale très active. Le GPIF n’a pas encore annoncé le nom du prochain dirigeant du fonds. Reste à savoir si le successeur de Hiro Mizuno sera aussi vocal sur les facteurs ESG et sur le climat...

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