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L'ACTU
Le risque social se matérialise pour la France du 49.3 sur la réforme des retraites
Le Conseil constitutionnel a acté dans sa décision que la réforme des retraites était bien budgétaire et qu’à ce titre, elle avait toute sa place dans une loi rectificative de la Sécurité Sociale. Cela confirme qu’un des objectifs était bien d’envoyer un signal positif aux marchés financiers pour que la France puisse continuer à s’y financer à des taux raisonnables malgré sa dette creusée par les mesures liées au Covid et à l’augmentation des prix de l’énergie et de l’essence. Or la façon dont cette reforme a été menée, la crise sociale et démocratique ouverte qu’elle a provoquée et que la décision du Conseil constitutionnel ne devrait pas freiner, peuvent avoir des effets plus que contreproductifs sur cet objectif.
Cette année la France doit emprunter 270 milliards d’euros sur les marchés financiers pour combler son déficit et continuer à honorer ses dettes précédentes, c’est dix milliards de plus qu’en 2021 et 2022. Or si elle avait pu le faire à taux négatif en 2020, le taux moyen sur 2022 a été de 1,03% et il a bondi à 3% en toute fin d’année et dépasse les 2 % en moyenne sur le mois d’avril. Cela creuse les déséquilibres et complique les investissements indispensables pour faire la transition écologique, adapter le pays aux transformations environnementales ou financer le programme nucléaire que s’est donné le président français.
La probabilité de récession du pays est, selon un graphique publié par Bloomberg, de 50 %. Les images des troubles sociaux, des manifestations aux affrontements de Sainte Soline autour des mega bassines ont fait le tour du monde. Les cibles des manifestants sont plus que les bâtiments publics, les banques ou le siège de LVMH, la plus grosse capitalisation française, qui a été brièvement occupé lors de la douzième journée de protestation contre la réforme des retraites le 13 avril.
Cette situation met en péril des éléments clefs pour l’économie française comme le tourisme à Paris qui avait déjà baissé avec la crise des Gilets jaunes. Le Conseil constitutionnel étant au cœur de la partie la plus touristique de Paris entre l’Opéra et le musée de Louvre, tout à côté du Palais Royal, des touristes ont été pris dans les nasses déployées par les forces de police. Ils ont aussi slalomé entre les poubelles pendant la grève des éboueurs. Le vendredi soir suivant la décision du Conseil, les manifestants ont convergé vers l’hôtel de Ville et lancé le mouvement #PasdeRetraitPasdeJo devenu tendance sur Twitter.
Risque sur les grandes manifestations sportives
Emmanuel Macron a pourtant décidé de promulguer immédiatement la loi dès le samedi matin suivant. Alors où en sera la France dans quelques mois quand commenceront les JO en termes de manifestations publiques et de capacité à organiser des événements de ce type déjà mises à mal par la finale de l’UEFA l’an dernier ? Le sujet est d’autant plus sensible que les menaces ne concernent pas que l’ordre public. Le rapport du BRGM sur la sècheresse qui vient de sortir alerte, lui, sur les menaces que fait peser cette situation de raréfaction de cette ressources précieuse sur l’approvisionnement en eau de l’Ile-de-France lors de grands évènements comme les JO. Or, leurs retombées économiques sont l’un des espoirs de bonne santé de l’économie du pays et elles sont conditionnées aux impacts touristiques de cet évènement. C’est ce qu’expliquait un rapport parlementaire de février dernier sur les retombées attendues. La part des retombées touristiques dans les bénéfices des Jeux qui sont estimés entre 1,43 milliard d’euros et 3,52 milliards d’euros, représente entre 27 et 35% de ces chiffres.
Les cartes postales d’Emily in Paris, la série de Netflix qui cartonne dans le monde entier, pourront-elles contrebalancer les images de bataille sur la réforme des retraites et les menaces de transformer Paris en ville assiégée entre forces de l’ordre et incendies de poubelles ? Réponse à l’été 2024.■
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