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L'ACTU
Les épargnants devront attendre 2023 pour faire part de leurs préférences ESG à leurs conseillers financiers
Le calendrier semblait de plus en plus serré puisqu’il restait théoriquement deux semaines aux conseillers financiers des banques et assurances ainsi qu’aux conseillers en gestion de patrimoine, pour se préparer à l’entrée en vigueur d’un nouveau type de dialogue avec leurs clients. Ils vont bien devoir les interroger sur leurs attentes en termes d’objectifs durables de leurs placements mais l’AMF a confirmé à l’Agefi qu’elle prévoyait une modification de la règlementation applicable aux Conseillers en Investissements Financiers (CIF) qui ne sera applicable qu’au 1er janvier 2023 et une fois l’arrêté pris par Bercy. L’objectif selon l’AMF est "de permettra aux CIF de mieux se préparer aux nouvelles exigences, y compris dans le contexte de la finalisation en cours des orientations révisées de l’ESMA sur l’aspect des préférences de durabilité des clients".
Voulue par le plan d’action sur la finance durable de la Commission Européenne, cette disposition est clef puisqu’elle permet d’intégrer les épargnants/citoyens européens à la réorientation des flux financiers vers une économie durable. Les enquêtes convergent pour montrer que les attentes des épargnants sur l’ESG sont fortes mais elles restent souvent sans réponse faute de formations ad hoc des conseillers financiers. Dans son baromètre annuel publié en début d’année CPR AM affirmait que les conseillers financiers sont de plus en plus enclins à vouloir proposer des fonds durables et se déclarent prêts à plus de 70 %. Mais cela ne suffit pas.
Une révolution à mettre en place
Les dispositions de MIFID 2 prévoient qu’ils intègrent des questionnaires spécifiques sur l’ESG et qu’ils soient en capacité de répondre à des questions précises sur la composition des produits pour proposer à leurs clients une offre adaptée. Les questionnaires doivent permettre aux clients de dire quelle part de produits alignés sur la taxonomie ils désirent ; quel pourcentage d’investissement durable c’est-à-dire de fonds qui intègrent des critères ESG ils souhaitent intégrer à leur épargne ; et enfin jusqu’où ils désirent ne pas investir dans des entreprises nuisibles à l’environnement, donc exclure les énergies fossiles de leurs placements. Ces trois grandes questions donnent une idée de la révolution à mettre en place.
Aujourd’hui on demande aux clients d’évaluer leur "appétence au risque" pour leur demander s’ils préfèrent les actions, les obligations ou un mix des deux. Mais demain il faudra ouvrir la discussion sur la destination de ces placements. Aux clients qui s’intéresseront autant aux performances environnementales et sociales des produits financiers qu’à leurs performances financières, il faudra justifier telle ou telle valeur en portefeuille, donner des indicateurs d’impact concrets et connaître les différences entre tous les labels de finance durable.
Autant de sujets qui nécessitent un colossal effort de formation des réseaux de distribution. La formation dédiée à la commercialisation des fonds durables proposée par Novethic a déjà été délivrée à plusieurs centaines d’entre eux. Cela montre que certains distributeurs ont déjà commencé à se préparer, mais six mois supplémentaires ne seront pas de trop pour étendre l’effort. On compte en France 4 500 conseillers en gestion de patrimoine et plus de 300 000 chargés de clientèle dans les différents réseaux bancaire et assurantiels.■
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