La relance économique après la crise sanitaire doit intégrer la préservation de l'environnement et de la biodiversité, selon de nombreux économistes. , @CCO
L'ACTU
Les experts économiques convergent sur l’idée que la relance sera verte ou…ne sera pas
Des économistes de renom qui murmurent à l’oreille des banquiers centraux du G20 et de bon nombre de dirigeants, viennent de publier une étude intitulée "Une relance verte post-Covid-19 relancera la croissance et arrêtera le changement climatique".
231 experts de 53 pays dont le prix Nobel Joseph Stiglitz et Sir Nicholas Stern, listent dans cette étude, sortie le 5 mai, 700 mesures classées en 25 thèmes. Ils aboutissent à la conclusion que "créer des projets verts génèrera plus d’emplois, rapportera plus d’argent pour chaque dollar investi et offrira plus de possibilités comparativement à des politiques de relance traditionnelles."
Ce rapport, dirigé par Cameron Hepburn, chercheur de l’université d’Oxford à la tête de la Smith School qui fédère les recherches de plusieurs universités britanniques autour de l’entreprise et de l’environnement, marque d’une pierre verte le débat sur la relance. "Il montre que nous pouvons choisir de nous reconstruire en nous améliorant, affirme Cameron Hepburn. Si nous arrivons à préserver des progrès nés de l’épidémie : un air plus pur, la restauration d’une part de la biodiversité et la diminution des émissions de gaz à effet, nous serons gagnants sur tous les tableaux."
Le coût caché de la perte de biodiversité
Même son de cloche du côté de Finance Watch, l’ONG européenne spécialiste de la finance. Elle a publié, le 4 mai, un rapport intitulé "Nature’s Return". Son objectif consiste à pousser la Commission européenne à intégrer la nature dans sa gouvernance économique et environnementale. "La crise du Covid-19 a rendu visible les coûts cachés de notre modèle économique, à commencer par la destruction de la biodiversité", explique Benoît Lallemand, le secrétaire général de Finance Watch.
"Nous formulons dans ce rapport quatre recommandations pour que les montants colossaux qui vont être mobilisés pour la relance le soient à bon escient", précise Thierry Philipponnat, directeur de la recherche et du plaidoyer de l’organisation qui rappelle "qu’un tiers de notre économie repose sur les services rendus par la nature."
Persuadée que seules les politiques publiques peuvent créer le cadre nécessaire, Finance Watch propose donc :
De faire entrer les objectifs environnementaux dont la biodiversité au dispositif dit de Semestre Européen et d’en faire une priorité.
De revoir les modèles d’évaluation d’impact des budgets de l’Union européenne pour y intégrer la nature et la biodiversité.
D’intégrer au mandat de la future Plateforme sur la finance durable le développement des indicateurs et de la méthodologie nécessaires pour évaluer les impacts, les risques et le degré de dépendance de l’économie et de la finance au capital naturel.
D’évaluer l’efficacité et la pertinence des instruments économiques existants au regard de leurs objectifs environnementaux.
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