@ACHT
L'ACTU
Marianne a calculé "Le jour du dépassement capitaliste" du CAC40
Parler justice sociale et inflation sous l’angle du partage de la valeur créée par l’entreprise entre salariés et actionnaires de façon simple et accessible, c’est le pari de Marianne qui a évalué "le jour du dépassement capitaliste" pour le CAC 40. Afin d’établir son classement, le journal a comparé la masse salariale distribuée en 2021 avec les montants alloués aux dividendes et aux rachats d’actions. Pour la première, cela représente 266 milliards d’euros, pour les deux suivants c’est 101 milliards d’euros.
Marianne explique que, dans la mesure où la part des dividendes est égale à 27 % du total, si on transpose ce ratio sur un calendrier, on peut considérer qu’à partir du 22 septembre, les salariés ne travaillent plus que pour rémunérer l’actionnaire. "Si notre méthodologie n’est pas exempte de critiques", écrit le journal, "il s’agit avant tout de donner un repère temporel et qualitatif pour visualiser la part croissante de la rémunération des actionnaires". Il ajoute que "la primauté de l’actionnaire est devenue l’alpha et l’oméga pour des entreprises comme celles du CAC40 et le phénomène s’accélère". En appliquant le mode de calcul de Marianne pour le CAC40 de 2012, le jour du dépassement capitaliste tombait le 6 novembre !
Si le 22 septembre est une moyenne, le palmarès du journal montre aussi la très forte disparité entre les entreprises du CAC40 sur ce "jour du dépassement capitaliste". Airbus, Alstom et Unibail Rodamco n’ont pas versé de dividendes en 2021 pour cause de difficultés économiques liées au Covid et donc pas de jour du dépassement pour elles. En revanche il est particulièrement tôt pour la première entreprise du classement : Vivendi. Présidée par Yannick Bolloré, fils de Vincent Bolloré, son jour du dépassement serait le 29 janvier. C’est lié à l’opération de vente de la filiale Universal dont le montant a été redistribué en grande partie aux actionnaires (60 % du capital soit une manne de 27 milliards d’euros). À la seconde place, on trouve L’Oréal (jour du dépassement le 6 mai) et TotalEnergies (le 25 juillet).
Des programmes de rachats d’actions record
La compagnie pétrolière est, par ailleurs, en tête d’un autre classement publié quasi simultanément par l’Observatoire des Multinationales, celui des rachats d’actions. L’organisation vient de lancer son nouveau site Internet le 20 septembre et a publié dans la foulée les principaux résultats de son analyse approfondie des comptes semestriels du CAC40. Elle montre ainsi que TotalEnergies détient, de loin, le record du rachat d’actions en 2021, avec un programme de plus de 3 milliards d’euros contre 1,9 pour Arcelor Mittal qui est en seconde position. Aux États-Unis, l'administration de Joe Biden a justement fait voter une taxe sur les programmes de rachat d'actions.
Le propos de l’Observatoire des Multinationales est de nourrir le débat sur les "superprofits". Avec l’analyse des comptes semestriels, il affirme d’abord qu’ils existent et considère qu’ils servent d’abord à racheter des actions pour doper les cours plutôt que de financer la transition énergétique et l’adaptation au nouveau contexte économique.
Marianne comme l’Observatoire des Multinationales convergent sur un même objectif : pousser avec leurs classements le projet d’une régulation sur la fiscalité des profits. Pour Marianne "seule la fiscalité sur le capital et les superprofits contribueraient à mettre un peu de justice sociale dans la répartition de la valeur".■
ARTICLES ASSOCIÉS
Engie : quinze investisseurs déposent une résolution Say on climate à l’assemblée générale de l’énergéticien

Say on climate : l’AMF poussée à réagir sur les résolutions climatiques en assemblée générale

Stellantis : Carlos Tavares relance le débat sur le niveau de rémunération des PDG

Say on climate : la tension monte à l'approche de la saison des assemblées générales
CAC40 : les entreprises améliorent (un peu) leur transparence avec leurs investisseurs responsables
