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L'ACTU
Orange et Legrand, grand prix des AG 2023, qui n’ont pas trouvé de champion de la transition juste
La cérémonie est un rituel de début d’été. L’Institut du capitalisme responsable, présidé par Caroline de la Marnierre, dévoile depuis une dizaine d’années, les Grands Prix de l’AG et de la mixité. Chaque année, le jury présidé par Nicole Notat désigne ainsi les entreprises qui ont des bonnes pratiques remarquables sur le thème choisi. L’édition 2023 a donc mis à l’honneur Orange pour sa raison d’être et les liens qui sont faits avec la gouvernance. Le président de l’entreprise Jacques Aschenbroich, est venu lui-même chercher ce prix dont il a rappelé qu’il "récompensait le difficile exercice visant à concilier raison d’être et performance économique".
Pour Orange, il s’agit d’être un "partenaire de confiance qui donne à chacun et à chacune les clefs d’un monde numérique responsable". Le président d’Orange y intègre "l’inclusion, la lutte contre la fracture numérique mais aussi la sécurité des données personnelles". La raison d’être prend progressivement corps comme l’a souligné l’Institut du capitalisme responsable car si, en 2022, deux tiers des entreprises analysées avaient mentionné la leur comme un concept désincarné, en 2023 80% l’ont mentionnée de façon beaucoup plus concrète et en l’associant avec des objectifs ESG.
Rajeunir les actionnaires
La démocratie actionnariale qui est un élément clef de bonne gouvernance a été abordée sous l’angle des points d’amélioration visant en particulier à rajeunir les actionnaires qui participent aux assemblées générales et à ouvrir beaucoup plus largement le dialogue. Le grand prix accordé à la FDJ dans ce domaine souligne les bonnes pratiques adoptées par cette entreprise, cotée seulement depuis 2019, et qui pourraient être généralisées. Elle revendique 400 000 actionnaires et compte 17 000 membres dans son club dédié. "Beaucoup d’entre eux sont des primo-actionnaires", explique l’entreprise. "C’est pourquoi nous leur proposons des formations sur leurs droits mais aussi de bénéficier de programmes avec les sports dont nous sommes partenaires et certains d’entre eux sont des trentenaires".
Casser les codes habituels, c’est aussi la vocation d’une politique exemplaire qu’il s’agisse de partage de la valeur ou de mixité. Legrand, spécialiste des infrastructures électriques, a raflé les grands prix de ces deux catégories. En ce qui concerne le partage de la valeur, il maintient dans un contexte de très forte croissance (50% sur cinq ans) la répartition suivante de la valeur ainsi créée : la moitié pour les salariés, un quart pour les investissements dans la production et l’innovation, et le quart restant pour les actionnaires. "Cette politique est aussi un atout pour féminiser l’entreprise qui compte de nombreux ingénieurs", explique Bénédicte Bahier, la DRH du groupe. "Je reçois des jeunes filles en quête de sens qui se tournent vers des métiers comme les nôtres, plus techniques, quand les entreprises offrent des pratiques qui ont du sens", ajoute-t-elle. La politique volontariste de féminisation a permis à Legrand d’atteindre son objectif de 25% de cadres féminins et il compte tendre vers la mixité.
Pas de prix pour la transition écologique socialement responsable
Si les bonnes pratiques sont nombreuses et que le temps consacré dans les AG à la RSE et aux enjeux ESG progresse, reste que le prix de "la transformation écologique socialement responsable" n’a pas trouvé de lauréat. "Nous avions voulu indiquer la nécessité de miser sur l’acceptabilité sociale par les salariés de ces politiques de transformation", explique Nicole Notat, ajoutant que "nous avons aussi regardé comment étaient traités par les entreprises les impacts sociaux de leur politique de transition. Mais ces thèmes ne nous ont pas paru assez murs au sein des entreprises analysées".
À défaut, trois entreprises ont reçu des félicitations pour leurs innovations au service de la biodiversité, L’Oreal et Kering pour avoir créé des fonds à impacts dédié à la régénération des écosystèmes dégradés, et Air Liquide pour avoir développé une technique de captage du CO2 à base de traitement par le froid. Il va falloir faire encore un effort pour que les grandes entreprises cotées fassent le lien entre tous ces thèmes et soient capables de présenter à leurs actionnaires des stratégies disruptives de durabilité. Elles ne seront pas forcément prêtes l’année prochaine. ■
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