70 % de l'activité de Vallourec est liée aux énergies fossiles. , Vallourec
L'ACTU
Premier Say on Climate de Vallourec : peut mieux faire selon le Forum pour l’Investissement responsable (FIR)
Les stratégies des entreprises de lutte contre le changement climatique sont devenues un thème majeur des Assemblées Générales sur lesquelles les entreprises cotées ont des politiques à géométrie variable. En France, seule une dizaine ont décidé de soumettre au vote de leurs actionnaires un rapport dit "Say on Climat". Le groupe parapétrolier Vallourec, spécialistes des infrastructures de transport et de gaz, est l’une d’entre elles. Confronté à des attentes fortes de transformation au bénéfice d’activités à destination d’énergies plus vertes, il a pris un engagement de neutralité carbone pour 2050. Pour l’instant le groupe français aux 17 000 salariés et 3,4 milliards de dollars de chiffre d’affaires réalisé dans une quarantaine de pays, n’explique pas vraiment comment il va s’y prendre.
Vallourec ne donne en particulier pas d’indication sur la part respective de la réduction effective des émissions de gaz à effet de serre et de la compensation carbone pour atteindre cet objectif. C’est d’autant plus confusant que Vallourec intègre dans le calcul agrégé de ses émissions celles liées à la compensation. Or à ce stade, Vallourec dédie plus de 70 % de son activité au secteur des énergies fossiles et met, par exemple, en avant le contrat passé en septembre dernier avec le géant pétrolier saoudien, Saudi Aramco, pour lui fournir des tubes pendant les dix ans à venir.
36 % d'alignement avec les recommandations du FIR
Dans le cadre de son programme pour pousser les entreprises à soumettre à leurs actionnaires des Say on Climate exigeants, le Forum pour l’Investissement Responsable a étudié attentivement celui de Vallourec. Il lui délivre un encouragement à s’améliorer. "Vallourec n’a que 36 % d’alignement avec les recommandations du FIR", explique Marie Marchais, responsable engagement actionnarial du FIR. "Elles portent sur une dizaine d’éléments allant des objectifs de réduction des émissions à l’alignement des investissements avec les engagements de neutralité carbone en passant par les modes de rémunération".
Les points d’alerte du FIR concernent d’abord les investissements futurs (CAPEX et OPEX) de Vallourec. Seuls 2 % sont alignés avec la taxonomie européenne alors que 78 % d’entre eux pourraient l’être compte tenu de leur nature. Ce chiffre est à mettre en regard du positionnement sur "les tubes et connexions pour les nouvelles énergies, en particulier hydrogène et géothermie qui se caractérisent par un fort degré de corrosion".
Le FIR s’inquiète aussi des manques de précisions sur les critères liés au climat dans la rémunération du PDG de Vallourec, Philippe Guillemot en poste depuis un an, ainsi que du flou concernant la suite donnée à ce premier Say on Climate. "Nous recommandons que l’entreprise s’engage à consulter annuellement ses actionnaires sur la stratégie climat et sa mise en œuvre", explique Marie Marchais. "Or Vallourec s’engage simplement à "rendre compte régulièrement des progrès réalisés dans la mise en œuvre de son ambition."
Bientôt un bilan de la campagne sur les Say on climate
Courant juin l’organisation publiera sur son site internet un bilan de la campagne 2023 sur les Say on climate. Il comportera les fiches d’analyse de chaque entreprise au regard de la grille d’évaluation du FIR mais aussi de la méthodologie ACT sur les trajectoires de transition des entreprises mise au point par l’ADEME. Ces informations seront complétées par les scores obtenus auprès des actionnaires par les "Say on Climate3 qui leur ont été soumis.
Depuis deux ans le Forum pour l’Investissement Responsable mène une campagne active sur ces volets encore trop rares des stratégies climat adoptées par les entreprises. Une cinquantaine d’investisseurs ont pour cela co-signé une tribune en décembre dernier rappelant que "sans informations claires et précises, nous, investisseurs, ne pouvons répondre de nos propres obligations en matière de gestion des risques climatiques. Il nous est aussi plus difficile de peser et d’accompagner l’indispensable transformation des entreprises." Le FIR appelle "également les pouvoirs publics à poser un cadre légal clair visant à généraliser le "Say on Climate" ainsi que, au nom du droit à l’information des investisseurs, harmoniser son contenu et faciliter les initiatives actionnariales permettant la recherche d'informations supplémentaires."
Au vu des tensions climatiques au sein des AG entre actionnaires, directions d'entreprises et ONG environnementales, la partie est loin d'être gagnée !
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