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L'ACTU
Sommet européen business et nature : les entreprises font le lien entre climat et biodiversité
Climat et biodiversité ne peuvent plus être traités comme des sujets différents. C’est sans doute ce qu’ont démontré les participants du European business and nature summit (EBNS), le sommet organisé le 30 novembre et 1er décembre par la Commission européenne et l’association Entreprises pour l’Environnement (EpE). Mais si la prise de conscience semble bien présente, les actions doivent encore être amplifiées.
"Les entreprises reconnaissent de plus en plus l’urgence à agir et je les appelle à se faire entendre sur le risque de perte de biodiversité. Restaurer notre relation avec la nature va repousser les pertes économiques, générer de nouveaux emplois et assurer une planète habitable pour les futures générations", déclare ainsi Frans Timmermans, le vice-président de la Commission européenne en charge du Green Deal. Plusieurs associations d’entreprises européennes, dont les Françaises EpE, l’Afep et le Medef, ont signé un appel à l’issue du sommet incitant d’un côté les entreprises à accélérer leurs actions pour préserver la biodiversité, et de l’autre les autorités européennes à fixer un cadre permettant cela.
Les défis à relever sont cependant loin d’être anodins. "La principale question à se poser, c’est quel est l’impact des stratégies climats sur la biodiversité, explique Markus Lehmann, directeur Science, société et futurs durables de la Convention sur la diversité biologique (CBD). La science montre qu’il faut une approche nuancée et surmesure pour atténuer le changement climatique et éviter les impacts sur la biodiversité". Les deux thèmes peuvent en effet se révéler contradictoires sur le terrain. "Ce qui ne fonctionne pas, c’est l’approche en silo. Il faut une approche intégrée et penser à toutes les formes de capital : humain, naturel ou financier", assure Keryn James, directrice générale du cabinet de conseil en développement durable ERM.
Des solutions positives
C’est le cas pour les énergies renouvelables. Catherine MacGregor, la directrice générale d’Engie, relève un paradoxe. "Nous devons développer de nouvelles capacités, ce qui peut avoir un impact négatif sur la biodiversité. Or si vous dégradez la biodiversité, cela a un impact négatif sur le changement climatique", souligne-t-elle. Patrick Pouyanné, le PDG de TotalEnergies rappelle de son côté que, pour tenir son engagement d’atteindre 40 % d’énergies renouvelables en 2030 dans son mix énergétique, l’Europe va devoir régler la question de l’utilisation des sols. "Il faut planifier le foncier", déclare-t-il.
Des solutions positives voient cependant le jour. L’Occitane en Provence développe ainsi une filière de production de beurre de Karité au Burkina Faso qui vise à ne plus couper les arbres pour récolter et transformer les noix. La société contribue à préserver la biodiversité locale. "Nous achetons ensuite le produit à un prix premium afin d’investir dans ces communautés et s’assurer que le savoir-faire se transmette et s’améliore", explique Adrien Geiger, directeur du développement durable du groupe. Engie de son côté mentionne une ferme solaire inaugurée en région parisienne et installée sur d’anciennes friches industrielles. "Cela va produire de l’énergie et rétablir la biodiversité sur cette zone", estime Catherine MacGregor.
Mais l’analyse doit se faire projet par projet, pour s’assurer des contributions négatives et positives à la protection de la biodiversité et à la lutte contre le réchauffement climatique. Une analyse que certains projets ne franchissent pas. Les deux énergéticiens français déclarent chacun avoir abandonné des projets pour tenir compte de la nature. Engie a dû déplacer deux projets dans l’est de la France pour préserver le Milan Royal, TotalEnergies a renoncé à un champ d’éolienne offshore au large de l’Écosse en raison des flux d’oiseau migrateurs. ■
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