La BaFin en Allemagne et la SEC aux États-Unis enquêtent sur les pratiques de DWS. , @CCO
L'ACTU
Soupçonné d'avoir menti sur ses fonds ESG, DWS fait l'objet d'une enquête de la SEC et la BaFin
Est-ce un signe que la planète ESG est en train de se normaliser ? DWS, la société de gestion aux 859 milliards d’euros sous gestion et filiale de Deutsche Bank, fait l’objet d’une enquête de deux autorités de régulation à propos de sa stratégie durable. La BaFin en Allemagne et la SEC aux États-Unis ont chacune lancé des investigations pour vérifier si DWS n’aurait pas exagéré sa part d’actifs gérés en fonction de critères environnementaux, sociaux et de gouvernance.
Tout est parti d’un article du Wall Street Journal dans lequel Desiree Fixler, ancienne responsable du développement durable de la société de gestion, déclarait que les informations contenues dans son rapport annuel 2020 n’étaient pas justes. L’article du Wall Street Journal expliquait, à partir notamment de documents internes, que DWS avaient tendance à surestimer les montants d’actifs gérés selon des critères ESG. Les deux autorités de régulation veulent donc vérifier si la société allemande n’a pas donné des informations trompeuses aux investisseurs.
DWS a réagi vivement en déclarant maintenir "les informations contenues dans son rapport annuel. Nous rejetons fermement les allégations faites par une ancienne employée. DWS continuera à être un fervent partisan de l’investissement ESG dans le cadre de son rôle fiduciaire pour le compte de ses clients".
Respect des allégations de durabilité
Les investigations des deux gendarmes financiers vont devoir faire la lumière sur les allégations de la société de gestion. L’affaire montre néanmoins que la période où la déclaration de ce qui était ou non "ESG compatible" était laissée à l’appréciation de chaque société, pourrait toucher à sa fin. Les deux autorités de régulation montrent qu’elles vont désormais s’assurer que les allégations de durabilité seront véritablement respectées.
En France, l’Autorité des marchés financiers (AMF) a déjà procédé à des contrôles de la manière dont les sociétés de gestion intègrent les critères ESG. Elle avait fait des contrôles Spot (Supervision des pratiques opérationnelles et thématiques) en 2019 sur les informations données aux investisseurs. Les pratiques avaient été jugées hétérogènes selon les gestionnaires, mais aucun manquement n’avait été relevé.
En Allemagne, la BaFin a vu ses pouvoirs d’investigation renforcés depuis le scandale Wirecard qui avait terni sa réputation. De son côté, la SEC s’est dotée début mars 2021 d’un groupe de travail climat et ESG, dont la mission est d’identifier et d’enquêter sur les promesses de durabilité faites par les sociétés de gestion.
L’essor de la finance durable, passée de niche de marché il y a quelques années à véritable relai de croissance aujourd’hui, rend de plus en plus tangibles les risques de fausses promesses pour les clients. Des voix s’élèvent déjà pour dénoncer des stratégies ESG affichées, mais sans véritable effet sur les portefeuilles d’investissement.
Le règlement européen Disclosure (Sustainable finance disclosure regulation, SFDR) vise à mettre de l’ordre dans les produits durables, en renforçant la transparence. Pour le moment, les classifications sous article 6, 8 ou 9 selon le degré de durabilité, semblent cependant amener plus de confusion que de clarté. ■
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