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L'ACTU
Verdir les infrastructures européennes, un défi que la Taxonomie ne suffira pas à relever
Par Novethic, Anne-Catherine HUSSON TRAORE|Publié le 14/01/2021
Novethic évalue à plus de 100 milliards d’euros le volume des encours investis dans des fonds verts d’infrastructures en Europe, dans son étude "Les fonds d'infrastructure verte face à la relance européenne". On dénombre 310 fonds entièrement dédiés à l’environnement et une cinquantaine de fonds diversifiés qui ont une part verte importante.
Cette bonne nouvelle est à nuancer car ces montants ne sont pas mobilisés sur le verdissement global des infrastructures mais sont investis, pour l’essentiel, dans les énergies renouvelables. Elles représentent les deux tiers du nombre de fonds et un tiers de la part des montants levés, et sont aussi très présentes dans les fonds multi-sectoriels ou plus largement orientés sur l’énergie. La part des fonds focalisés sur tous les autres secteurs (transports, gestion des déchets, etc.) est donc réduite : 27 fonds seulement sur près de 400 et 15 % des encours.
Pour financer le verdissement des infrastructures, il va falloir mobiliser les grands investisseurs institutionnels. Les volumes qu’ils consacrent à cette classe d’actifs rendue plus attractive par la crise du Covid-19, sont de l’ordre de 388 milliards d’euros sur lesquels l’intégration de critères ESG est encore peu répandue. Trois Européens figurent dans le Top 10 : deux assureurs – Allianz (35 milliards d’euros) et AXA (13 milliards d’euros) – et le fonds de pension néerlandais APG (17 milliards d’euros). Tous trois ont des engagements climatiques et des politiques d’investissement responsable ambitieuses. Mais au sein des fonds d’infrastructures, ils interviennent avec d’autres co-investisseurs.
Un nouvel élan vert
Sur le podium des plus gros volumes d’encours, on retrouve deux leaders du marché des infrastructures qui ont des stratégies de finance verte. Macquarie Infrastructure and Real Assets (MIRA) qui consacre 8,7 milliards d’euros à des investissements verts, vient de lancer sa politique de neutralité carbone. Copenhagen Infrastructure Partners est la structure utilisée par les fonds de pension danois pour investir dans les parcs éoliens qui permettront au Danemark d’atteindre son objectif de neutralité carbone.
On trouve aussi pour animer ce marché des acteurs plus spécialisés comme la société française Mirova, l’allemande Aquila ou la britannique Foresight group. Cette société de gestion pilote neuf fonds verts pour un encours d’1,2 milliard d’euros et elle est la première à avoir fait certifier la compatibilité d’un de ses investissements, un projet éolien en Europe du Nord, avec la future taxonomie européenne.
Novethic lui a demandé ce que représentait l’arrivée de cette taxonomie sur le marché des fonds d’infrastructures verts. "La Taxonomie présente de clairs avantages car elle offre une manière standardisée et objective de déterminer si un actif contribue aux objectifs de durabilité ou non", expliquent Henry Morgan et Jai Mallick. "Nous pourrions nous contenter d’auto-déclarations mais dans la mesure où l’écoblanchiment représente un risque réputationnel significatif et souvent irréparable, nous avons considéré qu’il est important de faire valider la démarche par un tiers indépendant", poursuivent-ils.
La taxonomie est donc attendue sereinement par les investisseurs en infrastructures d’énergies renouvelables. Mais il faut espérer qu’elle serve d’incitation à tous afin que les investissements en infrastructures soient à la hauteur des défis posés par la transition de l’Europe vers une économie plus verte et plus résiliente. ■
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