Guillaume Sommerer, rédacteur en chef adjoint de BFM Business. , @GSommerer
PEOPLE
"Les placements verts doivent être proposés à des épargnants clairvoyants" pour Guillaume Sommerer
D’où est venue l’idée de ce livre ?
Guillaume Sommerer : Je l’ai proposé à mon éditeur parce que j’avais une double sensibilisation au sujet. À titre personnel, j’ai une passion pour l’Asie du Sud-Est où j’ai vu l’environnement se dégrader inexorablement et la forêt primaire être remplacée par des rangées uniformes de palmiers producteurs d’huile de palme. À titre professionnel, en animant une émission quotidienne dédiée aux placements, j’ai pu constater la place grandissante des fonds dits verts, durables, responsables, etc.
Pensez-vous que les épargnants s’y retrouvent dans cette offre foisonnante ?
Ce n’est pas facile. C’est pourquoi j’ai voulu leur donner avec ce livre des outils de compréhension mais aussi des informations pour qu’ils ne se laissent pas duper par le greenwashing et qu’ils aient la capacité d’apprécier l’impact environnemental ou plus généralement durable d’un produit donné. Mon objectif est que l’épargnant puisse investir de façon clairvoyante. Si tout va bien, la lecture du livre l’aidera à se poser et à adresser à son conseiller financier les bonnes questions. Il ne s’agit pas de s’acheter une bonne conscience verte mais de placer judicieusement son épargne puisque, comme je le rappelle dans les deux premières parties du livre, les risques environnementaux comme le changement climatique s’aggravent et le coût de l’action sera toujours moins cher que celui de l’inaction.
Quelle vision avez-vous de l’offre de produits durables ?
Elle est très variée et en augmentation constante. Avec mon éditeur, nous avons titré le livre sur les placements verts mais il évoque aussi l’approche durable, plus large. Je me suis efforcé d’aborder toutes les dimensions, y compris celle des performances financières. Il est important de rappeler que l’intégration de critères ESG dans la gestion financière est plutôt un facteur de surperformance.
Je cite une étude de la Financière de l’Echiquier qui dit que les entreprises cotées qui affichent les meilleures notes sociales ont connu une hausse moyenne sur neuf ans de 189,7 %, cette hausse est de 147,4 % pour les meilleures notes de gouvernance et enfin de celles qui ont les meilleures notes environnementales, ont vu leur valeur augmenter de 132,7 % sur la même période. Ceci dit, il y a encore du chemin à parcourir pour que les stratégies durables soient valorisées à leur juste prix par la Bourse. L’affaire Danone montre que la qualité du dialogue avec les clients, le grand public mais aussi les actionnaires est clef pour convaincre. Nous sommes encore dans une phase expérimentale et innovante. Plus la finance durable progresse, plus on découvre l’ampleur du chemin qui reste à parcourir !
C’est le premier livre accessible à un public non initié sur ces placements durables et les fondamentaux sur lesquels ils reposent. Quel public visez-vous ?
Le livre vient de sortir et a été tiré pour commencer à 4000 exemplaires, mais j’ai déjà un très bon accueil auprès du milieu de la finance durable. Plusieurs promoteurs de fonds en ont acheté en nombre pour distribuer à leurs clients. Si le livre aide à mieux faire connaître les produits durables auprès d’épargnants aptes à comprendre les liens entre gestion financière et enjeux environnementaux, j’en serai vraiment très heureux. ■
"Placements verts, mythes et réalités", Guillaume Sommerer, éditions du Rocher, 264 pages
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